Valorisation du site
Depuis quelques années, la MAFB consacre énergie, temps et moyens à cette démarche. Il s’agit d’un aspect essentiel du travail de toute mission archéologique en Egypte. Pour l’avoir compris depuis longtemps et en avoir accepté le principe et les modalités, sans récriminer au nom de « la science » ou de « la vraie recherche » qui n’auraient pas à se soumettre à ces préoccupations vulgaires, comme d’autres ont pu le faire parfois, la mission, aidée par l'Association Hypogées, a opéré en douceur un virage difficile.
Pour toutes les missions, pour tous les pays, le site-management, comme le rappellent sans cesse les autorités du CSA (SCA), est tout simplement devenu, à côté de la conservation et de la restauration, une nécessité absolue et la condition indispensable pour la poursuite du travail de terrain et en particulier de fouilles en Egypte. A nous, les égyptologues impliqués sur le terrain, de faire en sorte que cela soit non seulement bénéfique aux sites, mais aussi à la science et d’une manière générale à la culture dans son sens le plus noble. Gestion du patrimoine et exigence culturelle peuvent et devront faire bon ménage, comme nous l’avons déjà montré de temps à autre avec notre site.
De plus, il s’agit là de coopération, dans le meilleur sens du terme et surtout dans son sens le plus actuel, celui-là même qui est au centre de la politique étrangère française dans ses relations avec de très nombreux pays en développement, et donc du MAEE. La MAFB compte plus que jamais jouer le jeu en toute loyauté, en espérant recevoir tout le soutien nécessaire pour ce faire et en étant convaincu que le site du Bubasteion peut à cet égard devenir une référence et un modèle (par sa problématique et par la manière dont nous gérons et gérerons celle-ci) pour faciliter les projets qui devraient absolument se développer à Saqqara.
La mise en valeur du site (site-management) et des tombes a ainsi constitué un aspect essentiel de la campagne de l’automne 2008 de la MAFB. Nous avons commencé par la tombe dite de l’ambassadeur (I. 16). L’importance de cette tombe n’est plus à souligner. Celle de son propriétaire non plus. Grand intendant de Memphis et directeur du trésor de Ramsès II, il a été également, sans doute précédemment, messager royal (ambassadeur) et il a été possible d’identifier celui-ci comme étant l’envoyé égyptien Parakhnawa ou Pirikhnawa bien connu par les sources hittites. Mieux, il s’avère que c’est lui qui, sous le nom de Nétchérouymes, figure comme chef de la délégation égyptienne chargée de préparer le traité de paix de l’an 21 entre l’Egypte et le Hatti. Cette tombe appartenant à un diplomate de haut vol, artisan de la paix entre les deux puissances majeures de l’époque, et qui plus est une tombe exceptionnelle, a naturellement suscité un grand intérêt et une grande curiosité de la part de la communauté scientifique, non pas seulement égyptologique, mais également celle des spécialistes du Proche-Orient antique et de l’empire hittite.
En liaison avec les diverses autorités du CSA, la MAFB s'est attaqué à une entreprise difficile et délicate, dont elle a pu mener à bien la première partie en 2008, la plus difficile au demeurant : la construction d’un nouvel édifice de protection, plus achevé et permettant, dans une seconde phase, l’anastylose des piliers antiques, ainsi que le démontage de l’édifice précédent (afin que la tombe reste en permanence protégée pendant les travaux). L’essentiel des travaux consacrés à cette tombe durant cette saison, ou du moins leur partie la plus délicate et difficile, a porté sur la construction d’un nouveau bâtiment destiné à protéger et à mettre en valeur la tombe. Celui-ci a été terminé dans sa partie extérieure le 6 décembre 2008. Ses dimensions sont les suivantes : longueur, 13 m ; largeur, 9.15 m, hauteur, 3,90 m (mais une partie de la base, sur environ 0,40 ou 0,50 m, est masquée par le sable).
© Alain Zivie